
Histoire & Culture
À l’époque précolombienne, des forêts recouvraient presque entièrement l’île d’Haïti. Ce n’est qu’avec la colonisation que la déforestation a commencé sur le territoire. Les colons ont installé dès leur arrivée des structures de résidence, et ont, par la suite, mis en place des champs agricoles et des ateliers d’exploitation minière. Cette pratique a persisté après l’indépendance, notamment pendant l’occupation américaine, avec l’exportation de bois tropicaux.
Les forêts appartiennent presque exclusivement à l’Etat, et c’est l’administration publique qui les gère. C’est dans cette logique que le Parc national naturel de la Forêt des Pins a été déclaré zone réservée par arrêté du 6 octobre 1937. Elle est subdivisée en deux parties : l’unité I située à l’est et l’unité II à l’ouest. L’ensemble est borné au nord par Fond-Verrettes, au sud par Bodarie, à l’ouest par le Morne La Selle, et à l’est par la République Dominicaine. Jusqu’en janvier 2014, la forêt a été considérée comme étant une réserve forestière avec une superficie de plus de 38 000 ha.
En 1941, Haïti a signé un contrat avec la Société Haïtiano-Américaine de Développement Agricole (SHADA) en vue de déterminer les conditions de l’exploitation rationnelle de la forêt tout en la délimitant. C’est dans ce cadre que dix-sept maisons d’hôtes ont été construites par la SHADA pour héberger des touristes. En 1952, pour des raisons économiques, la SHADA n’a plus été en mesure de poursuivre l’exploitation de la forêt. Ce sont donc le régime des Duvalier qui s’en chargera par la suite. En 1980, une loi conféra à cette zone le statut de « réserve protégée ». Après la chute des Duvalier, plusieurs parcelles ont été données en concession à des catégories différentes d’exploitants.
Selon certaines données historiques, la Forêt des Pins a joué un rôle majeur dans la lutte des esclaves contre le système esclavagiste. Elle aurait servi de refuge aux esclaves qui se rebellaient et pratiquaient le marronnage. Ce fut également le cas pour les Cacos dans leur résistance à l’occupation américaine (1915-1934). De plus, c’est à la faveur d’évènements historiques qu’un grand nombre de personnes occupent la forêt ; lors du massacre perpétré contre les Haïtiens en République Dominicaine (Trujillo, 1937), des migrants se sont réfugiés dans la Forêt des Pins selon un document du Centre de Formation et d’Encadrement Technique (CFET). Plus précisément, à Savane Zombi, le président Sténio Vincent a mis en place une colonie agricole pour qu’ils puissent s’implanter. L’autre fait qui explique l’occupation de la forêt est l’installation des scieries de 1941 à 1957. En effet, la SHADA a accueilli de nombreux travailleurs pour développer le commerce ou travailler les terres fertiles.



